quinta-feira, 14 de julho de 2016

Les Super Etendard français retirés du service


Photo: Marine Nationale
By Wording OD

Pas moins de 1200 personnes, parmi lesquelles de nombreux anciens pilotes et techniciens, étaient réunis hier pour l’adieu aux armes du Super Etendard. 42 ans après son premier vol, le vénérable avion de combat de la marine française a été officiellement retiré du service lors d’une cérémonie sur la base d’aéronautique navale de Landivisiau, où il ne restait plus que 5 avions encore opérationnels au sein de la flottille 17F. Après un ultime catapultage le 16 mars depuis le porte-avions Charles de Gaulle, avec lequel ils ont effectué leur dernière mission l’hiver dernier, bombardant notamment les positions de Daech en Irak et en Syrie, les Super Etendard de la « Glorieuse » 17F sont remplacés par des Rafale Marine. Ceux-ci avaient déjà succédé à leur illustre aîné au sein de la « Furieuse » 11F et équipent depuis 2001 et l’entrée en service du nouvel avion la flottille 12F.
 
Photo: Marine Nationale.

85 exemplaires produits par Dassault
Le Super Etendard était opérationnel dans la Marine nationale depuis 1978, quatre ans après son premier vol. Produit à 85 exemplaires par Dassault Aviation, dont 14 pour l’Argentine, l’avion a été au fil du temps profondément rénové, d’où sa dernière appellation de SEM (Super Etendard Modernisé). Car, au-delà de la carlingue, énormément de choses avaient évolué depuis la version originale, nommée SUE. Le cinquième et dernier standard, adopté par 35 avions, date de 2006. Ces appareils mono-réacteur, équipés d’un moteur SNECMA 8K50 de 5 tonnes de poussée, pouvaient atteindre Mach 1.3. Ils appontaient au moyen d’une crosse et étaient catapultés par élingue et non par le train avant, comme c’est le cas aujourd’hui avec les Rafale. « C’était un avion couteau suisse, très polyvalent et taillé pour le porte-avions. On le trouve attachant car il est robuste et rustique », raconte avec passion le commandant de la flottille 17 F. « Le cockpit est très étroit, ce qui donne au pilote l’impression de faire corps avec sa machine », ajoute le commandant de la BAN de Landivisiau, qui a effectué son premier vol pour la Marine sur cet appareil monoplace.

Photo: Marine Nationale.

« C’était l’ancienne école »
A côté de la « Rolls » Rafale, le SEM était en effet rustique, bien moins confortable que son successeur et forcément plus fatiguant pour les pilotes, qui n’avaient pas toutes les assistances d’un appareil moderne. Pas de commandes de vol électriques, ici on fonctionnait à l’hydraulique (les avions de chasse français sont passés aux commandes électriques après le Mirage F1CR). « C’était l’ancienne école, avec un pilotage à la main classique, nous étions limités à 6 heures en temps de vol », sourit un ancien pilote et commandant de la 17F, qui rappelle tout de même que le vieux Super Etendard a aussi, en son temps, apporté de vraies avancées technologiques : « Ce fut le premier avion français à avoir une centrale à inertie et un viseur tête haute ». Très léger, puisque pesant à vide moins de 7 tonnes pour une masse maximale de 11.9 tonnes (21 tonnes pour le Rafale), le Super Etendard comptait deux points d’emport extérieurs, deux points sous les ailes et un ventral. « L’autonomie était assez limitée et nous utilisions souvent les points d’emport pour des bidons de carburant supplémentaires ».

Photo: Marine Nationale.

Un grande polyvalence
Dès lors, il y avait moins de capacités offensives mais le « couteau suisse » de l’aéronautique navale française avait la particularité de pouvoir emporter une palette incroyablement variée d’armements. « C’était un bombardier léger extrêmement polyvalent, capable d’être mis en œuvre sur porte-avions de jour comme de nuit et qui pouvait aussi bien mener des assauts en mer que contre des objectifs terrestres. Il avait deux canons de 30mm et pouvait emporter des roquettes, des bombes classiques ou à guidage laser, un missile antinavire Exocet AM39 et même un armement nucléaire, d’abord l’AN52 puis l’ASMP. Il avait également été adapté aux missions de reconnaissance et pouvait, dans sa fonction nounou, ravitailler en vol d’autres appareils ». Le SEM n’avait toutefois rien d’un chasseur : « Ce n’était pas un intercepteur car nous n’avions pas de postcombustion pour aller à toute vitesse à haute altitude. Mais l’appareil pouvait emporter deux missiles air-air Magic 2 pour son autodéfense ».

Photo: Marine Nationale.

Sur tous les fronts depuis quatre décennies
Tout au long de sa carrière, et jusqu’à sa dernière année de service, le Super Etendard aura rendu de fiers services et fut de la plupart des grandes opérations militaires menées par la France au cours des quatre dernières décennies. A bord des porte-avions Clémenceau et Foch, puis du Charles de Gaulle, ces avions auront été engagés à de multiples reprises. Ils réalisèrent notamment le raid de Baalbek, mené en novembre 1983 par 8 SUE partis du Clémenceau suite à l’attentat ayant provoqué la mort de 58 militaires français à Beyrouth, au Liban. On les retrouvera aussi en ex-Yougoslavie, ou encore en Afghanistan, y compris pour des interventions menées depuis la base de Kandahar en 2008 lorsque le Charles de Gaulle était immobilisé par son premier arrêt technique majeur. En 2011, ils sont encore en première ligne lors de l’intervention en Libye, puis contribuent à affaiblir le groupe terroriste Daech, en Irak et en Syrie, lors de trois missions successives menées en 2015 et 2016.

Quatre formations équipées, 14 avions perdus
En tout, quatre unités de l’aéronautique navale furent équipées de Super Etendard : les 11F (1978 à 2011), 14F (1979 à 1991) et 17F (1980 à 2016), ainsi que l’escadrille 59S (1991 à 1997) qui servait à formation des pilotes de chasse.
Depuis 1978, 14 Super Etendard ont été perdus accidentellement, dont 5 SEM, provoquant la mort en service de 8 pilotes et 2 techniciens.
 
Photo: Marine Nationale.
Les SUE argentins
Alors qu’une quinzaine de SEM étaient encore en parc début 2016, on ne connait pas encore leur devenir. Certains termineront sans doute au musée ou comme pièce d’exposition, d’autres serviront, comme c’est déjà le cas, à la formation et l’entrainement au sol. Et puis il y a toujours la possibilité d’une revente à l’Argentine, dernière utilisatrice de l’avion. La marine de ce pays, qui rendit célèbre le Super Etendard dans le monde entier pendant la guerre des Malouines (1982) suite à la destruction du destroyer britannique HMS Sheffield, frappé par un missile Exocet AM39 tiré par l’un de ses avions, dispose encore de 10 SUE. Des appareils au standard complètement dépassé mais dont les cellules ont encore du potentiel. D’où l’idée de canibaliser à leur profit les équipements plus modernes des anciens SEM français. Une opération qui, si elle était décidée, serait évidemment plus lourde qu’une simple acquisition de pièces détachées et demanderait l’aide industrielle de Dassault.

Une quarantaine de Rafale pour assurer la relève
Pour ce qui est de la France, la relève est désormais assurée par les Rafale Marine, dont Dassault a récemment livré le 46ème exemplaire. En tenant compte de l’attrition, avec quatre avions (M18, M22, M24 et M25) accidentellement perdus entre 2009 et 2012, et la remise en service des 10 premiers Rafale Marine, portés du standard F1 au standard F3, l’aéronautique navale devraient aligner 42 appareils en 2017.
Les deux derniers avions navalisés de la quatrième tranche du programme Rafale, les M47 et M48, ne devraient pas être livrés avant 2020/2021, la priorité étant d’ici là donnée aux contrats à l’export. Et pour le moment, ce sera tout puisqu’aucun Rafale M n’est, pour l’heure, prévu dans la future tranche 5, normalement la dernière du programme.

Pas assez d’avions
Ce qui ne signifie pas qu’il n’y aura pas d’autres avions de commandés à l’avenir pour la flotte française. Car il parait évident que les effectifs seront trop justes. Alors que chacune des trois flottilles doit aligner 12 appareils, soit 36 en tout, il faut en effet compter avec les périodes de maintenance, l’attrition et bien entendu les besoins en formation et entrainement. Trois Rafale Marine sont d’ailleurs mobilisés au profit de l’escadron de transformation commun avec l'armée de l’Air implanté sur la base de Saint-Dizier.
La marge de manœuvre est donc très faible car le Charles de Gaulle, en cas de conflit de forte intensité, devrait pouvoir embarquer plus de 30 appareils, ce qui ne laisserait quasiment aucune réserve.

Source: Mer et Marine/Marine Nationale France.

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